Philippe Gnaegi: «En Suisse, la politique familiale est le parent pauvre de la politique sociale»

Face à la hausse du coût de la vie, une majorité des familles suisses peine à joindre les deux bouts. C’est ce qui ressort du deuxième baromètre des familles mené par l’association Pro Familia Suisse. Son directeur, Philippe Gnaegi, en appelle à des actions politiques rapides.

Le deuxième baromètre des familles, publié ce jeudi 14 mars par l’association Pro Familia Suisse et Pax, une assurance de prévoyance qui cible les familles, lève le voile sur la situation toujours plus précaire des familles en cette période marquée par la hausse généralisée des prix. Directeur de Pro Familia Suisse et ancien conseiller d’Etat (ministre) libéral-radical du canton de Neuchâtel, Philippe Gnaegi commente les résultats de cette étude réalisée auprès de 2123 familles dans toutes les régions de Suisse.

swissinfo.ch: Votre étude met en évidence une pression financière toujours plus forte sur les familles. 52% d’entre elles – contre 47% l’an dernier – jugent leurs revenus insuffisants ou à peine suffisants. Ces résultats vous surprennent-ils?

Philippe Gnaegi: Je suis effectivement surpris par l’ampleur du phénomène. Concrètement, il ressort de notre baromètre que près de la moitié des familles suisses ne sont pas capables d’épargner suffisamment d’argent à la fin du mois pour faire face à une dépense imprévue, par exemple une intervention urgente chez le dentiste. C’est un constat assez alarmant.

Comment expliquez-vous cette dégradation de la situation financière des familles par rapport au premier baromètre que vous avez conduit l’an dernier?

La hausse généralisée des prix consécutive à la reprise post-Covid touche en particulier les familles. C’est le cas notamment en ce qui concerne l’énergie, le logement ou les denrées alimentaires. Par ailleurs, les primes d’assurance maladie, qui ne sont pas incluses dans l’indice des prix à la consommation (IPC), deviennent un fardeau de plus en plus insupportable pour les familles de la classe moyenne.

Les familles romandes et tessinoises affirment davantage souffrir de la hausse du coût de la vie que les familles alémaniques. Sont-elles plus critiques à l’égard de leur situation financière ou y a-t-il objectivement des différences notables entre régions linguistiques?

Les familles tessinoises souffrent particulièrement. Cela s’explique par une structure salariale plus basse que dans le reste du pays, alors que les coûts fixes, comme le logement ou l’assurance maladie, sont aussi élevés voire plus que dans le reste de la Suisse. En Suisse romande également, les primes d’assurance maladie, qui sont la dépense la plus contraignante pour les familles, sont généralement plus élevées qu’en Suisse alémanique.

En comparaison internationale, comment jugez-vous la situation actuelle des familles en Suisse?

L’inflation touche le monde entier, pas seulement la Suisse. Mais contrairement à de nombreux autres pays européens, ici l’Etat n’intervient pas pour soutenir les familles. La politique familiale est le parent pauvre de la politique sociale en Suisse. Cela se révèle particulièrement en cette période marquée par un recul généralisé du pouvoir d’achat.

Pour quatre familles sur dix, le coût de la vie est une raison de renoncer à faire d’autres enfants. Ce constat n’est-il pas inquiétant alors que la Suisse, comme d’autres pays, connaît une chute de son taux de natalité?

C’est en effet très inquiétant et je suis là aussi surpris par l’ampleur du phénomène. On peut en déduire que les difficultés financières rencontrées par les familles ont un impact important sur leur comportement et leur désir d’avoir des enfants. Lorsque vous avez moins de ressources à disposition, vous êtes contraint de diminuer les coûts. Et comme les enfants coûtent très cher en Suisse, c’est malheureusement un poste de dépense qui est aujourd’hui sacrifié en priorité.

Qu’attendez-vous des autorités?

La question que je leur pose est simple: va-t-on enfin soutenir les familles, qui sont le socle de notre société, ou va-t-on continuer de se lamenter à propos du vieillissement de la population et du manque de main-d’œuvre tout en laissant les familles s’appauvrir et le taux de natalité s’effondrer?

Et quelles seraient les mesures à mettre en place rapidement pour soulager le porte-monnaie des familles?

Il faut agir en priorité au niveau du plafonnement des primes d’assurance maladie et du coût de la prise en charge de l’accueil extrafamilial des enfants. Mais au-delà de ces considérations pratiques, nous attendons une véritable prise de conscience du monde politique sur les difficultés que rencontrent les familles au quotidien.

Diriez-vous comme certaines personnalités politiques de gauche qu’il y a un mépris des autorités pour la question du pouvoir d’achat?

Je ne parlerais pas de mépris, mais d’une certaine déconnexion. Les hommes et les femmes politiques ne sont pas toujours conscients que de nombreuses personnes tirent la langue et parviennent tout juste à joindre les deux bouts. C’est une part importante de la population qui échappe au radar des statistiques officielles sur la pauvreté.

Le coût de l’assurance maladie est un sujet de préoccupation majeur pour les familles, comme le montre votre baromètre. Pro Familia va-t-elle appeler à voter en faveur des deux initiatives visant à limiter les primes, qui seront soumises au vote le 9 juin?

Je peux vous l’annoncer en primeur: nous allons soutenir activement ces deux initiatives, même si notre comité est apolitique. Il est urgent de légiférer pour plafonner et limiter la hausse des primes d’assurance maladie.

Les personnes retraitées ont eu leur part du gâteau avec la 13e rente AVS, c’est maintenant au tour des familles. Peut-on résumer ainsi votre position?

On vient effectivement d’avoir un vote important sur l’AVS. Cette 13e rente est une bonne nouvelle pour nos aînés, mais la famille joue un rôle encore plus crucial pour l’avenir de la société. Il faut s’en préoccuper, et tout de suite, car plusieurs années seront nécessaires avant que l’on puisse observer les effets des mesures adoptées.

Vous êtes un homme politique d’affiliation libérale. Cette volonté de plus en plus marquée de faire appel à l’Etat pour régler tous les problèmes de notre société n’est-elle pas en contradiction avec vos valeurs?

Il y a effectivement de plus en plus d’attentes envers l’Etat, et parfois les gens ont l’impression que les solutions sont simples. Mais en ce qui concerne la politique familiale, je tiens un discours très clair envers ma famille politique: «Vous voulez que les entreprises fonctionnent, que les femmes travaillent davantage et que nos assurances sociales soient pérennes? Alors, il faut mettre en place les conditions-cadres nécessaires et agir rapidement en investissant dans la politique familiale. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre». Sur ce dossier, la Confédération doit reprendre la main. On ne peut pas se permettre d’avoir des différences aussi importantes dans la mise en place de mesures de soutien aux familles d’un canton à l’autre.

Malgré toutes les difficultés rencontrées, quatre familles sur cinq en Suisse se disent satisfaites de leur vie familiale actuelle. Et près des deux tiers affirment avoir un bon équilibre entre vie professionnelle et vie familiale, selon votre baromètre. Tout ne va donc pas si mal pour les familles en Suisse?

Je ne suis pas aussi optimiste que vous. Dans notre société, la famille est de plus en plus considérée comme un havre de sécurité vis-à-vis du monde extérieur. Elle permet de se raccrocher à des racines et des valeurs qu’on ne trouve plus ailleurs. Lorsque l’extérieur est angoissant, ce qui est le cas actuellement, on a tendance à se retrancher dans son refuge familial et à le valoriser de manière excessive. C’est comme cela que j’interprète les résultats de notre sondage, même s’il faut se réjouir que les Suisses et les Suissesses trouvent beaucoup de satisfaction dans leur famille.

En savoir plus - un article de Samuel Jaberg publié sur swissinfo.ch

La moitié des familles peine à joindre les deux bouts

Le Baromètre suisse de la famille 2024 le montre: de plus en plus de familles, jusque dans la classe moyenne, ont de grosses difficultés financières. Blick vous détaille le sondage.

Le sondage est choquant: une majorité de familles en Suisse sont, selon leurs propres indications, dans une situation financière difficile – et un nombre écrasant d'entre elles ne pensent pas que la situation va s'améliorer dans les prochaines années. C'est ce que montre le Baromètre suisse des familles 2024.

La crainte prédomine chez 80% des familles

Plus de 2100 familles ont rempli un questionnaire en ligne entre le 8 et le 18 novembre 2023. L'enquête avait déjà été réalisée il y a un an. Les événements actuels montrent à quel point l'inflation, la hausse des primes d'assurance maladie, les frais de logement et de garde ont aggravé la situation financière des familles. En détail: 79% des familles interrogées au niveau national craignent que leur situation ne se détériore plutôt ou fortement au cours des trois prochaines années. C'est 11% de plus qu'il y a un an. 52% des familles – tous revenus confondus – déclarent que leur budget familial ne suffit pas ou à peine. Pour quatre familles sur dix, la situation financière est l'une des raisons qui les poussent à renoncer à avoir plus d'enfants.

La Suisse romande et le Tessin particulièrement touchés

Blick a analysé en détail les résultats de l'enquête. Ils sont explosifs sur le plan sociopolitique. Les soucis financiers ne concernent même plus seulement les bas revenus – ils ont touché une grande partie de la classe moyenne: même avec un revenu familial de 8400 à 10'000 francs bruts par mois (101'000 à 120'000 par an), plus d'un tiers des personnes interrogées affirment qu'il reste peu de choses à la fin du mois. Selon Pro Familia, la proportion de familles dont le revenu du ménage ne suffit pas ou à peine est particulièrement élevée en Suisse italienne, en Suisse romande, dans les ménages monoparentaux et pour les revenus inférieurs à 100'000 francs. Pour Philippe Gnaegi, directeur de Pro Familia, l'association faîtière des organisations familiales suisses, ces résultats sont un signal d'alarme: «Si dans le pays le plus riche du monde, près de 80% de toutes les familles sont aussi pessimistes quant à l'avenir, nous avons à réfléchir.» Les inquiétudes se reflètent dans le livret d'épargne: 30% des familles interrogées disent ne rien pouvoir mettre de côté à la fin du mois, et plus des deux tiers d'entre elles ne peuvent pas mettre plus de 500 francs. Il y a aussi l'autre extrémité de l'échelle: 9% ont plus de 2000 francs de côté par mois.

Un fossé économique

Un nouveau fossé se creuse en Suisse, entre ceux qui vivent sans soucis, et une large couche de la population qui tremble à la fin du mois. Le chef de Pro Familia, Philippe Gnaegi, déclare: «Pour ceux qui ne peuvent mettre que très peu de côté, une facture de dentiste imprévue représente déjà un problème majeur.» Le fossé des revenus pourrait devenir un facteur politique. Les résultats de la votation pour une 13e AVS l'ont déjà montré: les communes dont les habitants sont plus riches que la moyenne ont voté contre l'extension des prestations sociales, tandis que les communes pauvres et de classe moyenne ont voté en partie très nettement pour – et ce indépendamment du fait qu'il s'agisse d'un village rural avec l'UDC comme force politique dominante – ou d'une ville pauvre qui vote majoritairement à gauche.

La caisse maladie est le souci numéro 1

Cette évolution est très pertinente dans la perspective de l'initiative du PS du 9 juin sur l'allègement des primes – et devrait donner des sueurs froides au comité bourgeois du non et au président du PLR Thierry Burkart. L'initiative stipule que les primes ne doivent pas dépasser 10% du revenu disponible. La Confédération et les cantons devraient payer les coûts supplémentaires qui se chiffrent en milliards. Selon le Conseil fédéral, cela profiterait surtout à la classe moyenne – les ménages les plus pauvres bénéficient déjà aujourd'hui de réductions de primes. Le baromètre des familles le révèle clairement: pour tous les ménages, quel que soit leur revenu, la caisse maladie est le souci numéro 1. Et une grande partie de la population semble pour le moins ouverte à une intervention de la politique. 51% des personnes interrogées dans le cadre du baromètre des familles estiment que la politique doit se concentrer sur la réduction des coûts des primes d'assurance maladie.

Des conséquences désastreuses sur le plan économique

Mais les difficultés financières ne font pas que repousser les limites politiques en Suisse. Elles poussent également les gens à augmenter leur temps de travail. 49% envisagent d'augmenter leur taux d'occupation en raison de la situation financière de leur famille. Parallèlement, des chiffres indiquent que les parents reconsidèrent la garde de leurs enfants – afin d'économiser des frais de crèche. Ainsi, l'année dernière, 50% des parents ont déclaré faire garder leurs enfants par des tiers. En 2024, ils ne seront plus que 37%. Philippe Gnaegi déclare à ce sujet: «Nous ne disposons pas encore de suffisamment de données. Mais tout porte à croire que les familles retirent leurs enfants de la crèche – pour économiser de l'argent.» Le directeur de Pro Familia estime que cette évolution – si elle se confirme – a des racines profondes: «Cela pourrait signifier que les femmes restent à nouveau davantage à la maison pour des raisons financières. Ce serait désastreux sur le plan économique – le marché souffre déjà d'une pénurie de main-d'œuvre qualifiée.» Philippe Gnaegi estime qu'il est urgent d'agir sur le plan politique: «La Suisse doit se demander si elle mène réellement une politique familiale digne de ce nom. Nous devons nous réveiller au plus vite.» Pour conclure, on peut relever au moins une bonne nouvelle du côté des familles: 80% des personnes interrogées sont satisfaites de leur propre vie familiale. C'est déjà ça.

En savoir plus - un article de Benno Tuchschmid publié sur blick.ch

«En Suisse, la politique familiale est le parent pauvre de la politique sociale»

Face à la hausse du coût de la vie, une majorité des familles suisses peine à joindre les deux bouts. C’est ce qui ressort du deuxième baromètre des familles mené par l’association Pro Familia Suisse. Son directeur, Philippe Gnaegi, en appelle à des actions politiques rapides.

Le deuxième baromètre des familles, publié ce jeudi 14 mars par l’association Pro Familia Suisse et Pax, une assurance de prévoyance qui cible les familles, lève le voile sur la situation toujours plus précaire des familles en cette période marquée par la hausse généralisée des prix. Directeur de Pro Familia Suisse et ancien conseiller d’Etat (ministre) libéral-radical du canton de Neuchâtel, Philippe Gnaegi commente les résultats de cette étude réalisée auprès de 2123 familles dans toutes les régions de Suisse.

swissinfo.ch: Votre étude met en évidence une pression financière toujours plus forte sur les familles. 52% d’entre elles – contre 47% l’an dernier – jugent leurs revenus insuffisants ou à peine suffisants. Ces résultats vous surprennent-ils?

Philippe Gnaegi: Je suis effectivement surpris par l’ampleur du phénomène. Concrètement, il ressort de notre baromètre que près de la moitié des familles suisses ne sont pas capables d’épargner suffisamment d’argent à la fin du mois pour faire face à une dépense imprévue, par exemple une intervention urgente chez le dentiste. C’est un constat assez alarmant.

Comment expliquez-vous cette dégradation de la situation financière des familles par rapport au premier baromètre que vous avez conduit l’an dernier?

La hausse généralisée des prix consécutive à la reprise post-Covid touche en particulier les familles. C’est le cas notamment en ce qui concerne l’énergie, le logement ou les denrées alimentaires. Par ailleurs, les primes d’assurance maladie, qui ne sont pas incluses dans l’indice des prix à la consommation (IPC), deviennent un fardeau de plus en plus insupportable pour les familles de la classe moyenne.

Les familles romandes et tessinoises affirment davantage souffrir de la hausse du coût de la vie que les familles alémaniques. Sont-elles plus critiques à l’égard de leur situation financière ou y a-t-il objectivement des différences notables entre régions linguistiques?

Les familles tessinoises souffrent particulièrement. Cela s’explique par une structure salariale plus basse que dans le reste du pays, alors que les coûts fixes, comme le logement ou l’assurance maladie, sont aussi élevés voire plus que dans le reste de la Suisse. En Suisse romande également, les primes d’assurance maladie, qui sont la dépense la plus contraignante pour les familles, sont généralement plus élevées qu’en Suisse alémanique.

En comparaison internationale, comment jugez-vous la situation actuelle des familles en Suisse?

L’inflation touche le monde entier, pas seulement la Suisse. Mais contrairement à de nombreux autres pays européens, ici l’Etat n’intervient pas pour soutenir les familles. La politique familiale est le parent pauvre de la politique sociale en Suisse. Cela se révèle particulièrement en cette période marquée par un recul généralisé du pouvoir d’achat.

Pour quatre familles sur dix, le coût de la vie est une raison de renoncer à faire d’autres enfants. Ce constat n’est-il pas inquiétant alors que la Suisse, comme d’autres pays, connaît une chute de son taux de natalité?

C’est en effet très inquiétant et je suis là aussi surpris par l’ampleur du phénomène. On peut en déduire que les difficultés financières rencontrées par les familles ont un impact important sur leur comportement et leur désir d’avoir des enfants. Lorsque vous avez moins de ressources à disposition, vous êtes contraint de diminuer les coûts. Et comme les enfants coûtent très cher en Suisse, c’est malheureusement un poste de dépense qui est aujourd’hui sacrifié en priorité.

Qu’attendez-vous des autorités?

La question que je leur pose est simple: va-t-on enfin soutenir les familles, qui sont le socle de notre société, ou va-t-on continuer de se lamenter à propos du vieillissement de la population et du manque de main-d’œuvre tout en laissant les familles s’appauvrir et le taux de natalité s’effondrer?

Et quelles seraient les mesures à mettre en place rapidement pour soulager le porte-monnaie des familles?

Il faut agir en priorité au niveau du plafonnement des primes d’assurance maladie et du coût de la prise en charge de l’accueil extrafamilial des enfants. Mais au-delà de ces considérations pratiques, nous attendons une véritable prise de conscience du monde politique sur les difficultés que rencontrent les familles au quotidien.

Diriez-vous comme certaines personnalités politiques de gauche qu’il y a un mépris des autorités pour la question du pouvoir d’achat?

Je ne parlerais pas de mépris, mais d’une certaine déconnexion. Les hommes et les femmes politiques ne sont pas toujours conscients que de nombreuses personnes tirent la langue et parviennent tout juste à joindre les deux bouts. C’est une part importante de la population qui échappe au radar des statistiques officielles sur la pauvreté.

Le coût de l’assurance maladie est un sujet de préoccupation majeur pour les familles, comme le montre votre baromètre. Pro Familia va-t-elle appeler à voter en faveur des deux initiatives visant à limiter les primes, qui seront soumises au vote le 9 juin?

Je peux vous l’annoncer en primeur: nous allons soutenir activement ces deux initiatives, même si notre comité est apolitique. Il est urgent de légiférer pour plafonner et limiter la hausse des primes d’assurance maladie.

Les personnes retraitées ont eu leur part du gâteau avec la 13e rente AVS, c’est maintenant au tour des familles. Peut-on résumer ainsi votre position?

On vient effectivement d’avoir un vote important sur l’AVS. Cette 13e rente est une bonne nouvelle pour nos aînés, mais la famille joue un rôle encore plus crucial pour l’avenir de la société. Il faut s’en préoccuper, et tout de suite, car plusieurs années seront nécessaires avant que l’on puisse observer les effets des mesures adoptées.

Vous êtes un homme politique d’affiliation libérale. Cette volonté de plus en plus marquée de faire appel à l’Etat pour régler tous les problèmes de notre société n’est-elle pas en contradiction avec vos valeurs?

Il y a effectivement de plus en plus d’attentes envers l’Etat, et parfois les gens ont l’impression que les solutions sont simples. Mais en ce qui concerne la politique familiale, je tiens un discours très clair envers ma famille politique: «Vous voulez que les entreprises fonctionnent, que les femmes travaillent davantage et que nos assurances sociales soient pérennes? Alors, il faut mettre en place les conditions-cadres nécessaires et agir rapidement en investissant dans la politique familiale. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre». Sur ce dossier, la Confédération doit reprendre la main. On ne peut pas se permettre d’avoir des différences aussi importantes dans la mise en place de mesures de soutien aux familles d’un canton à l’autre.

Malgré toutes les difficultés rencontrées, quatre familles sur cinq en Suisse se disent satisfaites de leur vie familiale actuelle. Et près des deux tiers affirment avoir un bon équilibre entre vie professionnelle et vie familiale, selon votre baromètre. Tout ne va donc pas si mal pour les familles en Suisse?

Je ne suis pas aussi optimiste que vous. Dans notre société, la famille est de plus en plus considérée comme un havre de sécurité vis-à-vis du monde extérieur. Elle permet de se raccrocher à des racines et des valeurs qu’on ne trouve plus ailleurs. Lorsque l’extérieur est angoissant, ce qui est le cas actuellement, on a tendance à se retrancher dans son refuge familial et à le valoriser de manière excessive. C’est comme cela que j’interprète les résultats de notre sondage, même s’il faut se réjouir que les Suisses et les Suissesses trouvent beaucoup de satisfaction dans leur famille.

En savoir plus - un article de Samuel Jaberg publié le 14.03.2024 sur swissinfo.ch

Près de 30% de la population n'a plus suivi de formation continue depuis au moins cinq ans

Pour 29% de la population résidente permanente âgée de 25 à 64 ans, la dernière formation continue remonte à cinq ans ou plus. La proportion est particulièrement élevée chez les personnes ayant un faible niveau de formation (52%), celles qui sont ne sont pas actives (55%) et celles qui ont entre 55 et 64 ans (39%). Beaucoup expliquent leur non-participation par le fait qu'elles n'en ont pas besoin. C'est ce qui ressort des premiers résultats du microrecensement formation de base et formation continue 2021 de l'Office fédéral de la statistique (OFS).

En 2021, près de la moitié de la population résidente permanente âgée de 25 à 64 ans n'avait pas suivi de formation continue au cours des douze mois qui ont précédé l'enquête. Pour près de 20%, la dernière participation datait d"un à quatre ans et pour 29% de cinq ans ou plus. La part des personnes n'ayant suivi aucune formation continue au cours des cinq dernières années était très élevée en particulier chez les personnes ayant un faible niveau de formation (52%), chez celles qui ne sont pas actives (55%) et chez celles qui ont entre 55 et 64 ans (39%). Par rapport à l'ensemble de la population, ces groupes sont par conséquent surreprésentés dans la population sans formation continue au cours des cinq dernières années, mais ils ne constituent pas une majorité. Une grande partie des personnes qui n'ont pas suivi de formation continue depuis cinq ans participent pleinement à la vie professionnelle (70%), elles sont titulaires d'au moins un certificat du degré secondaire II (76%) et ont moins de 55 ans (66%). 

44% déclarent ne pas avoir besoin d'une formation continue

Parmi les personnes n'ayant suivi aucune formation continue au cours des cinq ans qui ont précédé l'enquête, 44% ont déclaré qu'elles n'en avaient pas besoin, un tiers avait d'autres motifs pour ne pas participer et un cinquième n'a pas pu suivre de formations continues alors qu'elles l'auraient souhaité.

Les obstacles à la participation les plus fréquemment indiqués par les personnes qui, malgré le besoin, n'ont pas suivi de formation continue au cours des cinq dernières années étaient les contraintes familiales (15%), les coûts trop élevés (14%) et le manque de temps (13%). Les principales raisons de la non-participation varient en fonction du groupe. Ainsi, 45% des personnes en situation de handicap ont été empêchées par des problèmes de santé, qui sont également invoqués par 33% des personnes non actives, alors que les «coûts» sont le motif le plus souvent mentionné par les personnes sans emploi (32%). 

Les raisons professionnelles déterminent le souhait de participation

Les personnes n'ayant suivi aucune formation continue au cours des cinq dernières années malgré leur souhait de participer font valoir différentes raisons pour lesquelles elles auraient voulu se former. Les motifs les plus fréquemment invoqués sont: «améliorer les chances de trouver un nouvel emploi ou de changer de profession» (43%), «améliorer les perspectives de carrière» (41%) et «par intérêt personnel pour le sujet» (37%).

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Jetzt wollen auch Boomer nur noch Teilzeit arbeiten

Die Gen Z will nicht arbeiten, so lautet das Vorurteil. Doch laut einer Studie sind es gerade die älteren Arbeitnehmenden, die Teilzeit arbeiten wollen. Eine Schweizer Studie zeigt: Die Präferenz für Teilzeitarbeit steigt mit dem Alter. Zwei Drittel aller über 50-Jährigen Arbeitnehmenden bevorzugen kein volles Arbeitspensum. Bei den Jüngeren ist die Zahl geringer.

Die Vorliebe für Teilzeitarbeit ist nicht nur bei jungen Menschen verbreitet. Eine aktuelle Studie des Beratungsunternehmens «Deloitte» zeigt, dass diese Präferenz mit zunehmendem Alter sogar steigt. Nur 30 Prozent der 1900 Befragten im Alter von 18 bis 64 Jahren bevorzugen eine Vollzeitbeschäftigung. Laut Bundesamt für Statistik (BFS) arbeiten nur 18 Prozent der Männer Teilzeit. Doch mehr als die Hälfte würden dies gerne tun, wenn sie die Möglichkeit hätten. Bei den über 50-Jährigen würden sogar zwei Drittel Teilzeit bevorzugen – bei den Jüngeren knapp 60 Prozent. Frauen hingegen sind mit ihrer aktuellen Arbeitssituation zufriedener. Laut BFS beträgt hier die Teilzeitquote bereits 57 Prozent. Wobei mehr als 70 Prozent den Wunsch nach einer solchen Beschäftigung äussern.

Arbeitskräftemangel trotz Rekordzuwanderung

In der Schweiz ist die Arbeitslosigkeit niedrig und gleichzeitig verlassen viele Babyboomer den Arbeitsmarkt. Der Mangel an Arbeitskräften wird sich aufgrund demografischer Faktoren verschärfen, berichtet «Tamedia». Zuwanderung war in den letzten Jahren oft die einfachste Antwort auf dieses Problem. Doch das könne nicht länger die Lösung sein, meint Deliotte-Chefökonom Michael Grampp. «Zuwanderung kann das Problem des Arbeitskräftemangels nicht lösen, das hat man in den letzten Jahren gesehen», sagt er. Die Alternative besteht darin, das inländische Potenzial besser zu nutzen. Japan ist ein gutes Beispiel dafür: Trotz einer alternden und schrumpfenden Bevölkerung konnte es ein beachtliches Wirtschaftswachstum pro Kopf erzielen. Dies konnte durch die Mobilisierung von Frauen und Senioren für den Arbeitsmarkt erreicht werden, so «Tamedia».

Aufgaben von Staat und Unternehmen

Nicht nur der Staat muss handeln – auch Unternehmen haben Handelbedarf. «Die Unternehmen können nicht einfach alles auf den Staat schieben», findet Michel Grampp. Sie müssten mehr tun: Etwa Investitionen in Weiterbildung älterer Mitarbeiter tätigen oder flexible Arbeitszeiten anbieten. Es sei an der Zeit, dass sowohl Staat als auch Unternehmen ihre Verantwortung wahrnehmen. So können Lösungen für den Arbeitskräftemangel gefunden werden, so Grampp gegenüber «Tamedia».

Teilzeitarbeit: Eine Frage der Work-Life-Balance

In der Schweiz wird dieses Unterfangen durch den stark ausgeprägten Wunsch nach Teilzeit erschwert. Überraschenderweise sind Kinder nicht der Hauptgrund für diese Präferenz – vielmehr möchten die Befragten mehr Zeit für persönliche Hobbys haben.«Allgemein zeigt sich, dass das häufig erwähnte Argument für die Teilzeitarbeit, die Familie, zunehmend ins Leere läuft», sagt Michael Grampp. Es scheint einen kulturellen Wandel gegeben zu haben: Selbstoptimierung und Work-Life-Balance gewinnen an Bedeutung.

Weiterlesen - ein Beitrag von Janis Meier erschienen am 24.02.2024 auf www.nau.ch

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