Fribourg concrétise les prestations complémentaires pour familles et publie dans la foulée un rapport sur la politique familiale

Le projet de loi sur les prestations complémentaires pour les familles (LPCFam) est soumis au Grand Conseil. Parmi les nouveautés du projet, l’Etat prévoit l’introduction d’un guichet familles pour l’accompagnement social et professionnel des bénéficiaires. Les PC familles représentent une mesure phare de politique familiale et complètent ainsi le dispositif en place pour soutenir les quelque 1200 familles particulièrement touchées par la pauvreté dans le canton.

Le Conseil d’Etat soumet au Grand Conseil le projet LPCFam qui concrétise l’article 60 al.2 de la Constitution fribourgeoise. Les récentes transformations socio-économiques confirment la pertinence des dispositions constitutionnelles et on constate que l’introduction de PC pour les familles répond à un besoin réel lié à l’évolution des risques sociaux auxquels elles sont confrontées : le chômage de longue durée, le phénomène des working poors, la divortialité, notamment. Par ailleurs, la fragilité de certains ménages se voit encore accentuée par les suites de la crise du Covid-19 ainsi que par les hausses de prix causées notamment par l’inflation, l’augmentation du prix de l’électricité et celle des primes maladies.

Les PC familles ont pour objectif, d’une part, d’améliorer la situation des familles qui sont particulièrement touchées par la pauvreté et, d’autre part, de prévenir les phénomènes de marginalisation en garantissant aux enfants des conditions de vie décentes. La LPCFam a été développée sur la base de principes centraux, dont notamment l’incitation au travail, l’accompagnement social et la prise en compte de différents modèles familiaux.

La nouveauté du suivi social
La consultation sur l’avant-projet LPCFam effectuée en 2021 a donné lieu à 71 prises de position, dont la grande majorité des participant-e-s s’est montrée favorable à l’orientation générale et aux objectifs du projet de PC familles. Parmi les thèmes fondamentaux soulevés, figurent la définition du cercle des bénéficiaires et le lien à établir entre d’un côté l’octroi des PC familles et de l’autre l’activité lucrative et le revenu des bénéficiaires ainsi que l’importance d’un suivi social des familles.  

Le nouveau projet fribourgeois de PC familles tient compte de ces éléments et s’est inspiré en particulier du modèle du canton de Vaud et des recommandations de la Conférence des directrices et directeurs des affaires sociales CDAS. Ainsi, comme il ressort de l’expérience vaudoise, les familles ont besoin d’être soutenues dans leur intégration sociale et professionnelle. Cet accompagnement permet d’informer, de conseiller et d’orienter les familles vers les aides et soutiens possibles dans le but de renforcer la capacité d’intégration sociale ou professionnelle des différents membres de la famille. Des mesures peuvent être mises en place afin d’améliorer les perspectives d’emploi et de revenu. Cet accompagnement se fera via des guichets des familles mis en place par les communes, sauf pour les familles réfugiées, qui continueront à être prises en charge par Caritas.

Près de 1200 familles concernées
Le projet propose que la présence d’un enfant jusqu’à 8 ans, ayant un lien de filiation selon le Code civil avec un membre de la famille, dans le ménage, soit une condition pour l’examen d’un droit aux PC familles. Près de 1200 familles dans la précarité pourraient être concernées. La LPCFam tient également compte d’un revenu hypothétique minimal devant être assuré par les familles, afin d’encourager la reprise ou l’augmentation de l’activité professionnelle. Des simulations ont confirmé qu’exercer une activité lucrative est financièrement plus favorable (incitation au travail) que l’aide matérielle accordée dans le cadre de la loi sur l’aide sociale (LASoc).

Les montants octroyés dans le cadre des PC familles devraient en principe permettre aux familles qui en bénéficient d’empêcher un recours à l’aide sociale ou d’en sortir.

Incidences financières
Les coûts bruts engendrés par cette nouvelle loi ont été estimés à 14.1 millions de francs. Toutefois, l’introduction des PC familles n’est pas uniquement synonyme de nouvelles dépenses, étant donné que bon nombre de situations font aujourd’hui déjà l’objet d’une aide des pouvoirs publics. Aux coûts bruts engendrés par cette nouvelle loi, il faut donc soustraire notamment les dépenses actuelles en matière d’aide matérielle LASoc, certains frais de gestion, ainsi que les frais d’allocations cantonales de maternité en cas de besoin qui seront inclues dans les PC familles. Les coûts nets générés par cette nouvelle loi sont ainsi estimés à 4.5 millions de francs partagés paritairement entre l’Etat et les communes.

Une politique des familles qui développe la compréhension du système et la coordination
Les familles fribourgeoises ont été passées sous la loupe et le dispositif actuel des mesures de politique familiale analysé. Il en ressort que le canton dispose d’un catalogue de mesures fourni, qui s’inscrivent dans un dispositif qui démontre encore des imperfections, comme notamment un problème d’accessibilité, une inadéquation entre les conditions d’accès aux prestations et la réalité des familles et aussi un développement hétérogène de l’offre. La coordination reste perfectible et le financement par projets est cause d’incertitude dans les organisations concernées.

Le Conseil d’Etat a ainsi décidé de mettre en place une plateforme qui permettra de définir, coordonner, informer et monitorer la politique des familles. Il va renforcer l’accessibilité des prestations, via les guichets familles proposés dans le cadre de l’introduction des PC familles et développer des espaces d’échange pour les 56 000 familles du canton.

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Le Conseil fédéral se prononce contre l’initiative sur les crèches

Lors de sa séance du 29 septembre 2023, le Conseil fédéral a décidé de recommander au Parlement de rejeter l’initiative populaire « Pour un accueil extrafamilial des enfants qui soit de qualité et abordable pour tous (initiative sur les crèches) ». L’initiative grèverait lourdement les finances de la Confédération par des coûts supplémentaires se chiffrant en milliards de francs, et ce, dans un domaine qui relève principalement de la compétence des cantons et des communes. Le Conseil fédéral estime donc plus judicieux de s’engager en faveur d’un nouveau renforcement de l’accueil extrafamilial pour enfants dans le cadre du débat parlementaire actuel concernant l’initiative parlementaire « Remplacer le financement de départ par une solution adaptée aux réalités actuelles ».

L’initiative populaire « Pour un accueil extrafamilial des enfants qui soit de qualité et abordable pour tous » vise à inscrire dans la Constitution le principe selon lequel tout enfant dès l’âge de trois mois et jusqu’à la fin de l’enseignement de base puisse bénéficier d’un accueil extrafamilial institutionnel, dès lors que ses parents le souhaitent. Le texte de l’initiative prévoit que les deux tiers des coûts soient pris en charge par la Confédération. Cette dernière édicterait également des directives minimales sur la qualité de l’accueil extrafamilial, les conditions de travail et d’autres exigences. Les cantons seraient tenus de mettre à disposition une offre correspondante. Si les cantons souhaitent prévoir une participation des parents, celle-ci devrait être fixée en fonction de leur capacité économique, mais sans dépasser 10 % du revenu.

Position du Conseil fédéral

Le Conseil fédéral estime lui aussi que l’accueil extrafamilial pour enfants doit être encouragé et que les pouvoirs publics doivent alléger davantage la charge financière des parents. Depuis 20 ans, il verse des contributions financières en faveur de la création de nouvelles places d’accueil pour enfants dans le cadre du programme d’impulsion d’une durée limitée. Depuis juillet 2018, la Confédération peut en outre soutenir financièrement les cantons et les communes qui diminuent les coûts facturés aux parents pour l’accueil extrafamilial de leurs enfants en augmentant les subventions allouées à cet effet. De même, l’encouragement précoce des enfants fait depuis longtemps l’objet de mesures de coordination au niveau fédéral. La Confédération estime donc que sa situation financière tendue ne lui permet pas d’aller plus loin dans son engagement. Il appartient aux cantons de développer l’accueil extrafamilial pour enfants et les employeurs devraient également y participer selon des modalités appropriées.

Délibérations en cours : « Remplacer le financement de départ par une solution adaptée aux réalités actuelles »

Dans le cadre de l’initiative parlementaire « Remplacer le financement de départ par une solution adaptée aux réalités actuelles », le Parlement se penche sur un projet de loi qui prévoit une participation durable de la Confédération aux coûts de l’accueil extrafamilial pour enfants. Dans sa prise de position, le Conseil fédéral avait exprimé la nécessité d’encourager l’accueil extrafamilial pour enfants et soumis une proposition sur la manière dont la baisse des coûts pourrait être au moins partiellement compensée afin de soulager les parents. Cette proposition est toujours d’actualité. C’est pourquoi le Conseil fédéral entend soutenir, dans le cadre des débats parlementaires en cours, la solution proposée ou, s’il y a lieu, d’autres modèles de financement visant à réduire les coûts de l’accueil extrafamilial institutionnel pour enfants et à éviter de grever par trop les finances publiques. D’autres objectifs de l’initiative, comme la qualité ou une offre suffisante, figurent déjà dans cette initiative parlementaire et font actuellement l’objet de délibérations. Contrairement à l’initiative sur les crèches, la charge financière sur le budget fédéral serait notamment beaucoup moins élevée. Aussi, le Conseil fédéral s’abstient de proposer un contre-projet direct ou indirect et charge le Département fédéral de l’intérieur de lui soumettre, d’ici au 5 juillet 2024, un projet de message concernant le rejet de l’initiative populaire.

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La prise en charge par l’AI de mesures médicales pour les enfants atteints d’une infirmité congénitale sera améliorée

L’AI pourra rembourser certains moyens et appareils diagnostiques ou thérapeutiques même s’ils ne figurent pas sur la liste des prestations payées par l’assurance-maladie. Lors de sa séance du 6 septembre 2023, le Conseil fédéral a adopté la modification du règlement sur l’assurance-invalidité concernant la prise en charge de mesures médicales par l’assurance-invalidité. Dans la pratique, les offices AI remboursent déjà des prestations n’y figurant pas ou dont le prix dépasse le tarif défini. Le règlement est modifié afin de garantir la conformité du droit.

Depuis la dernière révision de l’assurance-invalidité (AI), les moyens et appareils diagnostiques ou thérapeutiques remboursés par l’AI doivent figurer sur la liste des prestations remboursées par l’assurance-maladie (LAMal) dans le but d’harmoniser la pratique entre les deux assurances. L’AI se réfère à la liste des moyens et appareils (LiMA) pour le type de prestations et les tarifs maximaux remboursés au titre de mesures médicales. Pour être admises sur cette liste, les prestations sont évaluées sous l’angle des critères « efficaces, appropriés et économiques » (critères EAE) conformément à la loi sur l’assurance-invalidité et à l’assurance-maladie.

Ce printemps, cette nouvelle disposition, introduite début 2022, a suscité des incertitudes concernant les coûts qui dépassent les montants maximaux prévus dans la LiMA. Plus de 300 familles avec enfants atteints d’infirmités congénitales se sont vues facturer la différence de prix directement par un fournisseur de produits médicaux. L’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) a immédiatement réagi en s’assurant que les familles soient déchargées de tout supplément de coût et a fait le nécessaire pour que l’AI continue de prendre en charge la totalité des frais des examens et des soins indispensables à leur enfant. Le 14 avril 2023, l’OFAS a chargé les offices AI de contacter et de rembourser (rétroactivement si nécessaire) les familles devant assumer le supplément de coût mentionné ici.

A la lumière de cette situation, le Conseil fédéral a décidé de procéder à une évaluation de la base légale et de sa conformité au droit. Il est parvenu à la conclusion qu’une adaptation était nécessaire. En effet, il s’avère que l’utilisation de la LiMA en tant que référence pour l’application des critères d’efficacité, d’adéquation et d’économicité (critères EAE) à la prise en charge du coût des moyens et appareils est justifiée. Toutefois, l’application de la liste est réglementée de manière trop restrictive. Il doit être possible de procéder à tout moment à un examen au cas par cas dans la décision de prise en charge d’appareils ne figurant pas dans la liste. C’est la raison pour laquelle le Conseil fédéral a adopté une modification de la disposition concernée dans le règlement sur l’assurance-invalidité (RAI).

Suppression de la condition de figurer à la liste pour un remboursement

Le règlement sur l’assurance-invalidité (RAI) est adapté de sorte à ne plus lier le remboursement des moyens et appareils diagnostiques ou thérapeutiques à l’obligation stricte de figurer sur la LiMA. Il s’agit ici d’ancrer dans l’ordonnance la pratique déjà suivie par les offices AI. En effet, l’AI a aujourd’hui déjà la possibilité de rembourser des prestations dont le prix dépasse les tarifs de la LiMA ou qui ne sont pas mentionnées sur cette liste.

L’OFAS va également examiner la possibilité de conclure des conventions tarifaires avec des associations de professions médicales et paramédicales afin de simplifier les demandes de remboursement. En l’absence de telles conventions, la LiMA continuera de servir de référence pour vérifier que les critères d’efficacité, d’adéquation et d’économicité (EAE) sont respectés lors de la prise en charge des moyens et appareils. Un examen au cas par cas restera cependant toujours possible lorsqu’un appareil ne figure pas sur la liste et que cela s’avère médicalement indiqué.

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Inscrire dans la loi le principe de l’éducation sans violence

Le Conseil fédéral propose d’inscrire expressément le principe de l’éducation sans violence dans le code civil (CC) pour mettre en œuvre un mandat du Parlement. La disposition élaborée par le Conseil fédéral interdit expressément aux parents de recourir aux châtiments corporels et aux autres formes de violence dégradante pour élever leurs enfants et renforce notamment la prévention. Le Conseil fédéral a ouvert la consultation sur le projet de modification du CC le 23 août 2023.

Le droit en vigueur interdit déjà aux parents d'user de violence dans l'éducation. Le droit pénal protège les enfants et le législateur a récemment renforcé les dispositions civiles en ce sens en étendant les droits et les obligations de signalement en cas de soupçons de mise en danger du bien de l'enfant. L'année dernière, le Parlement a chargé le Conseil fédéral d'inscrire expressément dans le CC l'interdiction de la violence dans l'éducation (motion 19.4632 Bulliard-Marbach).

La proposition du Conseil fédéral contribue au bien de l'enfant en concrétisant le devoir d'éducation des parents. La nouvelle disposition prévoit expressément que les parents sont tenus d'élever l'enfant "sans recourir à des châtiments corporels ni à d'autres formes de violence dégradante". Elle remplit une fonction de principe directeur en signalant clairement que la violence dans l'éducation n'est pas tolérée, mais ne prescrit aucune méthode d'éducation : les parents restent libres de choisir celle qui leur convient.

Priorité à la prévention de la violence envers les enfants

La nouvelle disposition met en outre l'accent sur la prévention. Les offres d'aide et de conseil adressées aux parents comme aux enfants devront être étoffées. Elles existent déjà, mais leur nature et leur accessibilité varient d'une région à l'autre. Les cantons devront s'assurer qu'en cas de difficultés dans l'éducation, ces services sont suffisamment disponibles. L'objectif est de conseiller les parents et l'enfant à titre préventif et de les aider au besoin à surmonter un conflit.

Différentes études internationales montrent qu'inscrire dans la loi le principe de l'éducation sans violence peut faire évoluer le comportement des parents et diminuer la tolérance envers la violence. La procédure de consultation s'achèvera le 23 novembre 2023.

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L’étude sur la santé CSS 2023

CSS Gesundheitsstudie FR 2023 09 19 01L’étude sur la santé CSS enquête depuis 2020 sur la manière dont la santé et la maladie sont traitées en Suisse. L’approche spéciale de ce sondage annuel réside dans le fait qu’il ne s’intéresse pas seulement au comportement en matière de santé, mais qu’il intègre également l’idée que vivre avec une maladie, avec les craintes et les appréhensions que cela engendre, fait partie de la vie des gens.