Dans certaines communes isolées, l’offre pour le repas de midi n’existe tout simplement pas. Face à cette situation, des solutions se sont développées. A Morgins (VS), par exemple, le restaurant Meat'hic Grill – le steakhouse de la station – fait office de cantine scolaire. Les enfants ne mangent pas en salle, mais dans le foyer communal improvisé cantine, à deux pas du restaurant.
Il y a huit ans, la commune lance un appel auprès de ses restaurateurs: l’école est en passe de fermer, notamment faute de cantine. "Pour moi, c'était important que l'école de Morgins continue à exister", affirme Viktoria, gérante du restaurant, dans Basik.
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Elle signe alors un contrat pour encadrer les repas et cuisiner un menu quotidien à une quarantaine d’élèves. "Niveau horaire, ça correspond assez bien, parce qu'en fait dans le village, même à midi, c'est assez calme. Cela fait des horaires en plus pour les employés et une entrée d'argent fixe sur l'année pour moi", ajoute-t-elle.
Ce dîner coûte 11 francs aux parents morginois et 9 francs pour ceux de Troistorrents. Le prix est en effet un élément variable selon la localisation. Ainsi, un repas de midi coûte 10 francs à Villeneuve (VD), 8,50 francs à Fribourg, tandis que la ville de Genève possède un tarif unique à 7,50 francs pour tous les établissements. Une structure parascolaire le facture même 21 francs à Vufflens-la-Ville (VD).
Parents bénévoles
A Nyon, une association propose une solution pour les enfants sans place au parascolaire, des structures souvent saturées. Quatre jours par semaine, la buvette du stade Marens se transforme en salle de repas. Le principe des Petits midis: les enfants apportent eux-mêmes leur pique-nique et sont surveillés par des parents bénévoles.
L’association a été créée il y a quatre ans par Anouk Van Meel, mère au foyer. "Si tu n'as pas de travail fixe, c'est très difficile d'avoir une place dans le parascolaire. Alors j'ai contacté la commune de Nyon et ils m'ont proposé de louer ce stade", explique-t-elle. Les parents payent 6 francs par midi et doivent s’engager deux jours chaque mois. "On loue la buvette 50 francs par jour et on paie aussi pour l'assurance. C'est pour cela que les frais sont à 6 francs par jour par enfant."
La commune compte sur ces bénévoles. Fin 2024, 40 enfants étaient sur liste d’attente pour le parascolaire. "Face à la demande croissante de places en structures parascolaires, l'association des Petits midis offre une alternative précieuse, permettant aux enfants de se sociabiliser tout en renforçant les liens entre familles et en favorisant une ville plus solidaire", déclare le Service de la cohésion sociale de la ville de Nyon. Aujourd’hui, tout se déroule pour le mieux au stade Marens, même si Anouk peine à trouver des bénévoles.
Ecole à journée continue
A Neuchâtel, le collège de Serrières essaie quant à lui un concept prometteur. La ville y teste un projet d’école à journée continue. Si ce modèle existe déjà ailleurs en Suisse, il est tout récent à Neuchâtel. Les enfants sont accueillis non-stop, du matin au soir si nécessaire, midi compris. "Quand vous voulez un projet de journée continue à l'école, vous devez vous intéresser à la pause de midi", indique Nicole Baur, conseillère communale de la ville, en charge du dicastère de la famille.
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"Si elle est trop longue, elle est trop chère. On a pu réduire la pause de midi à une heure, alors qu’avant elle était de deux heures. Cela a permis de réduire le coût pour les parents et pour la commune", poursuit-elle. Le prix est ensuite indexé au salaire. Au-delà du coût, l’école à journée continue garantit un accueil inconditionnel aux enfants, qu’importe le taux d’activité de leurs parents. "Si l'on pense simplement au travail des femmes, à la possibilité de concilier famille et travail, c'est très important", ajoute Nicole Baur.
Actuellement, deux collèges de la ville appliquent ce modèle. S’il s’avère concluant, il pourrait se développer ailleurs et pourquoi pas se généraliser dans toute la Suisse. Les parents, à commencer par les mères, gagneraient ainsi peut-être en confort de vie.
En savoir plus - un article de Jeanne Gerbault publié sur rts.ch